(Le Monde) La manipulation
Notre-Dame-des-Landes. Encore ? Encore. Car c’est là que brûle le noyau de l’écologie, bien plus que dans l’empesé débat sur la transition énergétique ou au sein des affligeantes négociations climatiques à Doha.
Notre-Dame-des-Landes est la matrice où se croisent toutes les problématiques de l’écologie – climatique, paysanne, économique, naturelle, et aussi celle du rapport entre les mouvements populaires et la société officielle, et même la question du rôle des médias. De cette matrice jaillissent des jets bouillants, qui vont énergiser les luttes contre la LGV Lyon-Turin et contre tous les grands projets inutiles. Mais il faut aussi revenir aux détails techniques du dossier. Un mot interpelle : celui de « manipulation », employé par Ronan Dantec, sénateur EELV de Loire-Atlantique. Il a dit : « Lors de l’enquête coût-bénéfice sur le projet, l’Etat a manipulé les chiffres. » (Le Monde du 17 novembre)
Le propos est grave. Pour en comprendre l’origine, il faut consulter l' »instruction cadre relative aux méthodes d’évaluation économique des grands projets d’infrastructure de transport », publiée en 2005 par le ministère des transports. Ce document précise quelle valeur monétaire attribuer aux gains de temps de transport permis par les nouvelles infrastructures. Il est le document de référence pour les agents de l’Etat qui ont la charge d’opérer ces valorisations monétaires. Il indique ainsi la « valeur du temps » à prendre en compte pour les voyageurs, soit, pour les distances inférieures à 50 km, 8,94 euros de l’heure. Si l’on applique cette valeur au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, en la projetant en 2025, on arrive à des valeurs s’étageant entre 18,60 euros et 20 euros selon les différents scénarios de trafic (…)
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